Depuis 1950, 70 % des haies ont disparu, soit 1,4 million de kilomètres. Malgré les programmes de plantations, la surface en haies et alignements d’arbres en France métropolitaine est en déclin.
En avril 2023, le Ministère de l’Agriculture sort un rapport : plusieurs milliers de kilomètres de haies sont supprimés tous les ans sur le territoire français. Cela représente une perte annuelle moyenne de 23 571 km/an entre 2017 et 2021. En dépit des nombreux avantages qu'elles offrent, les haies continuent de disparaître à un rythme alarmant. Au total, c’est plus de 205 252 km de haies qui ont ainsi été perdus durant 15 ans. En comparaison, les programmes de plantation n'ont permis de créer que 3 000 km de haies par an.
Pourtant, les haies offrent de nombreux avantages environnementaux, agissant comme des solutions naturelles face aux effets du changement climatique. Elles jouent un rôle crucial dans la préservation de la biodiversité et la régulation climatique.
Les bocages et haies les plus étendus et les mieux conservés se situent en Normandie, Bretagne, Pays de la Loire, Centre-Val de Loire et Bourgogne Franche-Comté selon l'Office français de la biodiversité.
Les bénéfices des haies ont été prouvés par l’INRAE, elles sont utiles pour l'aménagement et la production, et ont un impact important sur les zones rurales et l'activité agricole. Elles sont précieuses pour les cultures, l'élevage, la biodiversité, la sécurité des cours d'eau, l'harmonisation avec le paysage et la diversification des productions. Elles ont de nombreux avantages : elles stabilisent les sols contre l'érosion, fournissent un abri contre le vent, favorisent la pollinisation, stockent du carbone, régulent les ressources en eau et produisent de la biomasse.
Les haies sont des infrastructures agroécologiques (IAE) qui, durant leur processus de photosynthèse, vont capter le carbone de l’atmosphère et le stocker. On sait notamment qu’elles stockent 1.2 tonne de carbone par hectare et par an*.
Fin 2020, la méthode "Haies" des Chambres d’agriculture des Pays de la Loire et de Bretagne, en lien avec le projet Carbocage, a été approuvée pour le label Bas-Carbone. Elle permet aux agriculteurs de vendre volontairement leurs crédits Carbone en plantant ou en entretenant des haies. Un futur arrêté prévoit une prime de 50 % pour les crédits issus de projets bénéfiques à la biodiversité, favorisant ainsi les pratiques agroécologiques.
Cela offre de vraies opportunités, par exemple, une exploitation de 110 ha avec 14 km de haies pourrait gagner environ 12 500€ sur 5 ans grâce au label Bas-Carbone.
Pourtant, deux préoccupations sont identifiées :
- Le critère d'additionnalité qui peut emmener un désavantage à ceux qui préservent déjà leurs haies, contrairement à ceux qui en plantent de nouvelles. - Les coûts administratifs engendrés par la gestion de projet et la certification, qui restent considérables.
Les haies sont un moyen naturel de stocker du carbone à un moindre coût ! Selon la Chambre d'agriculture, planter 100 mètres de haies coûte environ 1 560€ pour un simple rang, en fonction du type de haie et des essences. L'entretien annuel total est d’approximativement 50€ pour 100 mètres linéaires.
On compare souvent cette solution naturelle aux autres solutions industrielles de captage de carbone (Carbon Capture and Storage ou CCS) qui sont des technologies permettant de capturer le CO2 émis par les industries, puis de le stocker de manière permanente sous terre. Plusieurs étapes constituent les CCS : le captage (capture du CO2), le transport (déplacement vers un site de stockage) et le stockage (en injectant le CO2 dans des formations géologiques souterraines). Le coût de mise en place du CCS dépend de nombreux facteurs, tels que la taille de l’installation, la technologie de captage, la localisation géographique, les coûts de transport et de stockage, ainsi que les réglementations. Les coûts peuvent varier au-delà de 150€ par tonne de CO2 capturé.
Des aides sont toujours disponibles pour réduire les coûts de plantation ou de restauration de haies dans le cadre du programme Bocage et Paysage, financées à 50 % par la Région. Une aide bonifiée à 70 % est envisageable si le projet respecte certaines conditions, telles que la plantation d'un nombre minimal d'arbres, des travaux collectifs ou l'utilisation de paillage naturel privilégiant les circuits courts.
Suite à la mise en place ou la restauration de haies, il est important de faire un suivi régulier de l’état de la végétation (NDVI) et de la captation carbone.
Mesurer le NDVI va permettre de suivre en temps réel la vigueur de la végétation et adapter l’entretien à ses besoins. Quant à la captation carbone, en avoir une mesure précise offre la possibilité de la mettre en valeur dans le cadre de bilan carbone et de crédit carbone, tout en justifiant une stratégie bas-carbone et de revégétalisation.
Grâce aux données satellites, Netcarbon propose des mesures précises et en temps réel d’un ensemble d’indicateurs liés à la végétation et aux sols : captation carbone, humidité de la végétation, état de la végétation… Ces données sont accessibles via l'application Netcarbon et vous permettent de définir une stratégie de décarbonation en simulant l'impact de pratiques agroécologiques.
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*(à l'échelle nationale sur un scénario de 30 ans)
📚 Sources :
https://www.vie-publique.fr/en-bref/289261-agriculture-la-haie-un-atout-de-planification-ecologique
La haie levier de la planification écologique. (2023, avril). Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. https://agriculture.gouv.fr/la-haie-levier-de-la-planification-ecologique
http://www.bourgogne-franche-comte.cuma.fr/sites/default/files/
https://afac-agroforesteries.fr/wp-content/uploads/2023/05/Bareme_2023_VF.pdf