Comment la filière du popcorn rémunère ses agriculteurs en fonction du carbone séquestré dans les sols

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Comment la filière du popcorn rémunère ses agriculteurs en fonction du carbone séquestré dans les sols

Bien installé au fond de son fauteuil, le consommateur est loin de se douter qu’avec les popcorns qu’il déguste en regardant son film, il peut aider à réduire les effets du changement climatique en stockant du carbone dans le sol.

Aujourd’hui, l’agriculture est responsable d’environ 20 % de nos émissions de CO2 en France. Cependant, elle est également au cœur des solutions pour lutter contre le changement climatique.En effet, un des plus grands potentiels de séquestration du carbone se trouve dans nos sols. Actuellement, le stock de carbone contenu dans les sols est d'environ 1 700 GtC, soit deux fois plus de carbone que dans notre atmosphère, et ce stockage pourrait être considérablement augmenté grâce à la mise en œuvre de pratiques agro-écologiques. Partant de ce constat, Netcarbon a développé une solution permettant de suivre, partout sur terre, le déploiement d'initiatives de séquestration du carbone en agriculture. Une de ces initiatives est notamment la mise en place de couverts intermédiaires.

Un couvert intermédiaire est une culture implantée entre deux cultures récoltées. Il a pour vocation à rester sur la parcelle et à être enfoui dans le sol pour le nourrir et le protéger avant le semis de la prochaine culture. Les couverts intermédiaires représentent une opportunité immense pour l’agriculture et pour notre planète. Non seulement ils améliorent la structure des sols, limitent l'érosion, augmentent la matière organique, tout en contribuant à optimiser le PEA (Plan Épargne Azote 😄), mais ils agissent également comme des puits de carbone naturels. Jusqu’à récemment, quantifier la quantité de carbone capturée par cette pratique nécessitait des mesures aux champs, processus chronophage, onéreux et qui ne permettait pas toujours d’avoir une mesure objective de l’état moyen de la parcelle.

Aujourd'hui, il est possible de quantifier la biomasse des couverts grâce à des données satellitaires. Le partenariat entre Nataïs, leader Européen du maïs pop-corn, le CESBIO, laboratoire de référence sur l’étude du fonctionnement de la biosphère et la télédétection, et Netcarbon, expert en mesure de la captation de carbone, marque le début d’une nouvelle ère. Ce partenariat permet de mesurer précisément la biomasse des couverts intermédiaires tout au long de leur cycle ainsi que le carbone qu'ils stockent dans nos sols, offrant ainsi une solution efficace pour suivre et amplifier le déploiement de cette pratique sur l’ensemble du territoire.

Une révolution silencieuse portée par Nataïs

Au cœur du Gers, Nataïs n’est pas seulement le leader Européen du maïs pop-corn. C’est une entreprise profondément engagée dans la transition agro-écologique. Depuis des années, Nataïs travaille main dans la main avec plus de 200 agriculteurs pour bâtir une agriculture plus respectueuse de l’environnement.

La grande force de Nataïs réside dans son approche visionnaire : intégrer et financer les couverts intermédiaires dans les rotations culturales de leurs agriculteurs pour améliorer la santé des sols tout en capturant le carbone atmosphérique. Ces couverts végétaux jouent un rôle essentiel, mais pour aller encore plus loin, il fallait un moyen précis et fiable de mesurer leur impact.

Destruction d'un couvert intermédiaire de féverole dans le Gers

Le défi : Quantifier la biomasse et le carbone stocké

Comment suivre efficacement l’impact de ces couverts intermédiaires ? Comment rémunérer justement les agriculteurs pour le carbone qu’ils stockent dans le sol ? Comment valoriser ces pratiques auprès des entreprises qui achètent du pop-corn ? La réponse est venue dans la continuité du projet Naturellement Popcorn. Construire une approche industrielle, appuyée par les données satellite et la modélisation pour quantifier la biomasse des couverts intermédiaires et l’évolution des stocks de carbone dans les sols.

Ce qui n’était autrefois disponible que sur un nombre très restreint de parcelles est aujourd’hui quantifiable à grande échelle et à une résolution de 10 mètres, ouvrant la voie au déploiement d’une prime carbone objective et plus juste pour les agriculteurs.

La technologie : La collaboration CESBIO & Netcarbon

En collaboration avec le Centre d’Études Spatiales de la Biosphère (CESBIO), Netcarbon a industrialisé l’outil de modélisation AgriCarbon-EO en l’intégrant à sa solution d’analyse du carbone. Fruit de plus de 10 ans de recherche, AgriCarbon-EO est une méthode hybride qui s’appuie sur trois technologies :

Vue d'artiste de Sentinel-2 en orbite

L’observation satellite de la végétation
L’observation satellite nous offre une vision inédite de notre planète, capturant des images tous les 5 jours à une résolution de près de 10 mètres. Grâce à leur précision et à leur fréquence de revisite, les satellites Sentinel-2 de l’Agence Spatiale Européenne et Landsat de la NASA nous permettent de surveiller de près la végétation. En mesurant la lumière réfléchie par la végétation grâce aux satellites, le modèle PROSAIL permet de calculer le LAI. Mais qu'est-ce que le LAI, exactement ? Le LAI (Leaf Area Index) représente la surface des feuilles par unité de surface au sol, exprimée en m² de feuilles par m² de sol. Cet indice permet de quantifier précisément la densité de la couverture végétale d'une parcelle. 

La modélisation du cycle de la végétation
AgriCarbon-EO inclut le modèle agronomique SAFYE-CO2 développé au CESBIO, qui utilise des informations agrométéorologiques et des paramètres de culture pour simuler les productions agricoles (biomasse, rendement) ainsi que les flux de CO2 entre les parcelles et l'atmosphère. SAFYE-CO2 modélise aussi le LAI que le satellite est capable d’observer, ce qui nous emmène à la troisième technologie.

L’intégration des données satellites dans le modèle agronomique
La dernière composante est l’intégration des LAI satellites dans le modèle agronomique. En effet le LAI, est à la fois mesuré par le satellite et simulé par le modèle ! C’est là que la magie opère, en se basant sur des méthodes statistiques, dites bayésiennes, qui prennent en compte les incertitudes de l’observation satellite et celles des prédictions du modèle, les trajectoires optimales du cycle de la végétation sont identifiées. Cela nous permet de calibrer le modèle, sur l’ensemble de ces données, est désormais accessible partout sur terre, via notre application ainsi que nos API. Nos API (Application Programming Interface) permettent d’intégrer facilement nos données dans les outils de nos clients en quelques lignes de code, simplifiant ainsi davantage l’accès à cette information.

Application Netcarbon : Biomasse d'un couvert intermédaire

Netcarbon améliore tous les jours l’approche. L’équipe s’est rendue dans le Gers sur les parcelles du réseau Nataïs en mars 2024. Cette rencontre avec les agriculteurs a permis de mieux comprendre leurs pratiques, mais aussi de réaliser plus d’une centaine de prélèvements de biomasse de couvert intermédiaire. Nous avons  comparé notre monitoring par satellite avec la réalité du terrain. Le résultat ? Une erreur inférieure à 1 tonne de matière sèche par hectare ! 

Prélèvement de végétation par les équipes Netcarbon

Des bénéfices concrets pour les agriculteurs

L'impact de la mesure de la biomasse va bien au-delà des données. Pour les agriculteurs, c'est une opportunité de transformer leurs pratiques tout en bénéficiant d'un retour financier.

  1. Une prime carbone : En quantifiant le carbone stocké, Nataïs valorise à hauteur de 45 € la tonne de CO₂ séquestrée. En 2024, la prime carbone moyenne s’élève à 78€ par hectare, ce qui permet de compenser la majorité des coûts liés à l’implantation des couverts végétaux. Par ailleurs, une prime plancher de 45 € par hectare est instaurée pour sécuriser et encourager l’engagement des agriculteurs dans cette démarche.
  2. Une amélioration de la santé des sols : Les couverts intermédiaires améliorent la structure des sols, les rendent plus fertiles et plus résistants à l’érosion. En piégeant l’azote et en enrichissant le sol en matière organique, ces pratiques renforcent la productivité agricole à long terme.
  3. Une agriculture plus résiliente : Avec des sols en meilleure santé, les agriculteurs sont mieux préparés à faire face aux défis climatiques de demain.

+ 8 000 tonnes de CO₂ absorbées

Cette année, plus de 8 000 tonnes de carbone ont été stockées dans les sols grâce aux couverts intermédiaires mis en place par les agriculteurs partenaires de Nataïs. Ce chiffre illustre l'impact de cette pratique dans la lutte contre le changement climatique.

Pour mieux saisir l'ampleur de ce chiffre, 8 000 tonnes de CO₂ représentent la quantité de CO₂ absorbée par près de 320 000 arbres matures en une seule année ou l’équivalent des émissions de 4 000 vols aller-retour entre Paris et New York. Ces exemples montrent que les efforts combinés de Nataïs et de ses agriculteurs ont déjà un impact significatif – et ce n’est que le début !

Le potentiel est encore bien plus vaste : en généralisant les couverts intermédiaires sur toutes les terres agricoles en France, nous pourrions absorber jusqu’à 12 millions de tonnes de CO₂ par an. Cela reviendrait à compenser les émissions de 1,4 million de personnes chaque année ou à absorber 14 % des émissions totales du secteur agricole français. Ces chiffres mettent en lumière l'immense pouvoir de cette pratique pour le climat, tout en permettant de renforcer la résilience de notre agriculture.

Image satellite de Salale Tanzanie

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Netcarbon collecte et traite des données satellites à grande échelle, produisant un ensemble d'indicateurs liés au stockage carbone. Ces indicateurs ont permis à Bordeaux Métropole d'identifier les projets de renaturation et d'aménagement urbain les plus pertinents, tout en localisant les îlots de chaleur potentiels, afin de promouvoir le développement d'une métropole écologique.

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